Un café posé sur une table, une skyline en arrière-plan, et du jour au lendemain, la story bascule : valises prêtes, visage fermé, départ annoncé sans sommation. Sous la surface lisse d’Instagram, la réalité des influenceurs à Dubaï s’ébrèche. Que s’est-il passé pour que ce décor de carte postale se transforme en salle d’embarquement précipitée ?
Les palmiers et les supercars ne font plus illusion. L’envers du décor s’impose aux influenceurs, rattrapés par des pressions fiscales, des réglementations inédites et une certaine lassitude du luxe. Certains prennent la tangente, laissant derrière eux villas et followers médusés. Un mouvement discret, mais qui questionne : que reste-t-il de leur pouvoir d’influence quand le cadre disparaît ?
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Plan de l'article
- Un phénomène en plein bouleversement : la fin de l’âge d’or des influenceurs à Dubaï
- Qu’est-ce qui pousse vraiment les influenceurs à quitter Dubaï aujourd’hui ?
- Entre fiscalité, image publique et nouvelles réglementations : les raisons multiples d’un exode
- Conséquences inattendues : comment ce départ redessine le paysage de l’influence
Un phénomène en plein bouleversement : la fin de l’âge d’or des influenceurs à Dubaï
Dubaï, longtemps synonyme de rêve éveillé pour les influenceurs français, a servi de terrain de jeu à toute une génération issue des réseaux sociaux ou de la télé-réalité. Nabilla, Jessica Thivenin, Jazz, Caroline Receveur… la liste ressemble à un palmarès de story à succès, toutes tournées entre tours de verre et piscines à débordement. Pourquoi Dubaï ? Pour sa fiscalité séduisante, sa sécurité, son climat, ses opportunités économiques. Ici, plus de 90 % des habitants sont expatriés, venus chercher un eldorado fiscal, une qualité de vie hors norme et un décor parfait pour générer du contenu à la chaîne.
Mais le vernis craque. Depuis 2022, le marché immobilier s’affole, le coût de la vie grimpe en flèche. Ce n’est plus le terrain de jeu réservé à ceux qui monétisent chaque story comme un spot publicitaire. Les restaurants branchés, les écoles françaises, tout devient plus compliqué à rentabiliser, même pour les figures les plus bankables. Maeva Ghennam, Laurent et d’autres commencent à revoir leurs plans.
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- Fiscalité : la France resserre l’étau fiscal, y compris pour ceux qui pensaient avoir trouvé refuge ailleurs.
- Image publique : les campagnes contre les « influvoleurs » et la défiance grandissante ternissent la réputation du visa doré.
- Changement de décor : de nouveaux horizons gagnent en popularité, de Bali au Maroc en passant par la Thaïlande.
La fin de l’âge d’or n’est plus une rumeur de coulisse : c’est un constat. Dubaï, ex-star incontestée, se transforme en simple étape sur le parcours d’un influenceur, pas en destination ultime.
Qu’est-ce qui pousse vraiment les influenceurs à quitter Dubaï aujourd’hui ?
Sur Instagram, les stories s’enchaînent : Julia Paredes, Vincent Queijo, Rym Renom, Raphaël Pépin, Anthony Mateo, Maddie Burciaga, Marwa Merazka… Leur départ n’a rien d’anodin. Entre deux placements de produit, on aperçoit des cartons, des « au revoir » à la skyline, des « bonjour » timides à Bali, au Maroc ou… retour à la case France.
Leur motivation ne tient pas en un seul hashtag. D’abord, la pression fiscale française devient impossible à esquiver. La loi du 9 juin 2023 encadre strictement l’activité des influenceurs, même ceux installés à l’étranger. Dubaï n’est plus un bouclier. Les contrôles fiscaux s’intensifient, chaque partenariat doit être justifié, chaque euro gagné traqué. L’époque de l’insouciance fiscale s’est envolée.
La crise immobilière amplifie le malaise : loyers stratosphériques, écoles françaises sur liste d’attente, restaurants trop chers… Le confort se paye au prix fort, jusqu’à devenir un fardeau.
Quant à leur image, elle s’effrite. Les campagnes anti-« influvoleurs » et la saturation des réseaux usent le storytelling doré. Quitter Dubaï, c’est désormais afficher un retour à la simplicité, à l’authenticité, à une proximité si souvent réclamée par les abonnés.
- Certains rentrent en France, d’autres explorent de nouveaux continents : Bali, Maroc, Thaïlande.
- Changement de décor, mais objectif inchangé : rester visible, rentable, attractif.
Entre fiscalité, image publique et nouvelles réglementations : les raisons multiples d’un exode
Longtemps, la fiscalité de Dubaï a joué le rôle d’aimant. Pour les influenceurs français — Nabilla, Jessica Thivenin, Jazz, Caroline Receveur — s’installer là-bas signifiait échapper à l’impôt sur le revenu, à l’ISF, profiter d’un terrain de jeu fiscal sans frontières. Mais la loi française du 9 juin 2023 a changé la donne : toute activité d’influence, même depuis l’étranger, peut désormais être contrôlée. L’adresse de Dubaï ne tient plus lieu de passe-droit. Les revenus issus des placements de produits sont scrutés, les agences réclament des bilans détaillés.
La pression sociale ne faiblit pas. La campagne de Booba contre les « influvoleurs » a laissé des traces. Les critiques sur l’hyperconsommation, le luxe décomplexé, la déconnexion du quotidien s’accumulent dans les commentaires, souvent plus vite que les félicitations. Résultat : les revenus baissent, les marques deviennent frileuses, la transparence est exigée.
Le contexte local, lui non plus, ne facilite rien. Depuis 2022, la crise immobilière à Dubaï fait s’envoler les loyers et le coût de la vie. Même l’exceptionnelle qualité de vie finit par coûter cher. Les stories rêvées se heurtent à la réalité de la facture.
- Les lois françaises et la fiscalité rattrapent les expatriés.
- L’image des influenceurs installés à Dubaï se dégrade.
- Les placements de produits rapportent moins.
- Le coût de la vie grimpe sans relâche.
Conséquences inattendues : comment ce départ redessine le paysage de l’influence
L’exode des influenceurs français de Dubaï bouscule l’industrie comme une boule à neige qu’on secoue sans ménagement. Le centre de gravité se déplace : Bali s’impose, le hashtag #BaliLife explose. Plages, coût de la vie raisonnable, fiscalité plus douce : le décor change, l’influence reste.
Ce réalignement redistribue les rôles. Certains, lassés du clinquant et des polémiques, bifurquent vers le coaching, la formation en ligne, le consulting ou la création de marques responsables. D’autres tentent un retour sur le sol français, misant tout sur la proximité, la sincérité, la transparence. Les agences s’ajustent, les marques privilégient désormais les créateurs moins exposés, plus en phase avec les nouvelles attentes du public.
Sur les réseaux, la carte de l’influence se fragmente. Les communautés migrent, suivent leurs idoles sous d’autres latitudes mais exigent désormais du sens. Le secteur s’ouvre à de nouveaux récits : moins de luxe pour le luxe, plus d’expériences vécues, de bien-être, d’écologie.
- Bali a pris la relève, avec une image plus saine et plus authentique.
- Les influenceurs cherchent à renouer avec leur audience après la tempête médiatique.
- Le marché publicitaire s’adapte à ce nouvel équilibre.
Le rideau est tombé sur Dubaï, mais la scène de l’influence ne s’est pas vidée. Elle s’est déplacée — et le public, curieux, attend déjà le prochain acte.